Crédits : Clément Vallos et Lâm Hua pour ARTE France et Bigger Than Fiction

Avec un public potentiel estimé à 900 millions de spectateurs, l’eSport est au centre de toutes les attentions. Mais les fans, longtemps mal vus par les médias traditionnels, comme la nouvelle génération de journalistes et commentateurs sportifs, ne voient pas l’intérêt de quitter les plateformes interactives Web qui les ont vus grandir.

L'eSport fait vivre (9/10) - Inventer son média

Commentateur : « Ce championnat international, le tournoi CS:GO, s’achève ce soir. Profitons-en ! Vous êtes prêts ? »


Quatrième jour de compétition.


La finale opposant les européens de FaZe Clan aux danois d’Astralis est sur le point d’être retransmise sur les plateformes de streaming du monde entier.
Si pendant des années l’eSport a été ignoré par la télévision et la presse écrite, il est aujourd’hui le centre de toutes les attentions. Il faut dire qu’avec un public potentiel estimé à plus de 900 millions de personnes, les grands médias s’intéressent à cette nouvelle pratique et tentent de l’inclure dans leurs grilles de programmes.

Mais pas facile d’arriver dans un domaine qui leur est totalement étranger et qui a été créé par une génération qui a grandi sans eux.

OLIVIER MORIN - Présentateur de l'émission Canal Esport Club

Olivier Morin : « Le jeu vidéo a toujours été historiquement considéré comme quelque chose de négatif dans la tête des médias, parce que c’était des gens qui jouaient trop, qui consommaient trop, avec une forme d’addiction. Et c’était plus facile de montrer cette dérive là plutôt que de montrer une belle pratique du jeu vidéo qui peut être ludique dans l’apprentissage.
Voire même, grâce à l’eSport, comme c’est le cas aujourd’hui, d’être de la compétition, de la valeur d’entraide, de l’esprit d’équipe et tout ce qui va avec. L’avantage de l’eSport, c’est que c’est une pointe du jeu vidéo et que ça développe des valeurs, faciles à comprendre pour pas mal de gens.
On est vraiment dans le côté jeu d’échec en temps réel et puis extrêmement divertissant. Donc il y a un côté très séduisant, finalement, pour les médias. Alors, certes, c’est une opportunité qui est aussi peut-être économique.
S’il y a autant de millions à gagner, c’est qu’il y a sûrement aussi une dimension média à y donner. Et le dernier facteur, qui est celui du public. Le jeune public qui regarde aujourd’hui l’eSport est un public qui a fuit les médias, parce qu’il regarde des streams sur internet et qu’on certainement des fois pas la télé.
Disons qu’il y a une espèce de contre culture qu’incarne aujourd’hui l’eSport et c’est très intéressant pour les médias d’essayer de mettre la main là dessus, parce que c’est une façon pour eux de dire ‘Regardez, on est capables de parler à ce jeune public’ et de quelque part correspondre à leurs attentes. »

CHARLES LAPASSAT et FABIEN CULIE - Commentateur eSportif

Charles Lapassat : « Internet a un avantage que n’a absolument pas la télé, c’est l’interactivité. Ben, le tchat, c’est les gens réagissent en direct. Ca reste vraiment ancré dans la culture du jeu vidéo.
Et du coup, ben vu qu’on a cette possibilité par internet, par de nombreux outils, d’interagir avec le public, on est toujours en train de chercher des moyens nouveaux que le public se sente intégré dans le spectacle. »

Fabien Culié : « Est-ce que ATT1 sera bien là pour défendre son titre le 29 octobre au Stepple Center de Los Angeles ? »

Charles Lapassat : « Va mourir »

Fabien Culié (rires).

Charles Lapassat : « Nous, on a cette liberté de pouvoir adopter à peu près le temps qu’on veut. Il n’est pas encore venu l’homme qui pourra nous dire qu’on doit être parfaitement monocode. Parce que sinon nous même on ne s’amuserait pas. Et je pense que d’une certaine façon, le public s’amuse en voyant le présentateur s’amuser. »

Fabien Culié : « On a créé notre média et on fait selon nos principes à nous. Les gens veulent pas les mêmes choses et de toute façon, c’est quelque chose pour moi qui est de plus en plus recherché. Maintenant, c’est toute la novation, le fait de pouvoir créer soi-même son concept et s’affranchir de tous les codes télé et des médias traditionnels.
Ce qu’on peut voir avec pas mal de producteurs de contenus, on les voit souvent, alors désolé pour l’expression, le cul entre deux chaises. Ils veulent essayer de faire pas trop hardcore pour justement habituer le public et les gens qui ne connaissent pas, et essayer de les introduire à la chose. Mais en même temps, ils peuvent pas non plus être trop évasifs, parce que sinon ils prennent des critiques par les gens qui connaissent le milieu. »

Olivier Morin : « Si on peut faire le parallèle entre l’eSport, qui est en train d’émerger et ce qu’a vécu le poker il y a quelques années, c’est accepter une tendance qui a explosé. On en a eu de partout, pendant deux trois ans. Et puis d’un seul coup ça s’est effondré.
Est-ce que l’eSport va prendre ce virage ?
Personnellement, je ne pense pas parce que la puissance créative, l’adrénaline qui se renouvelle assez régulièrement. Je pense qu’il y aura toujours de la place pour l’eSport à la télévision. Par contre, est-ce que ce sera l’eSport d’aujourd’hui, celui d’un Counter Strike, avec de la violence, celui du League of Legends, qui est très complexe ? Est-ce que demain ça sera pas un eSport avec avec un jeu beaucoup plus facile ?
Je pense qu’on sera pas à l’abri d’avoir un espèce de Candy Crush télévisuel pour qu’on ai ce côté un peu, je dirai, télé, télé jeu, grand public, comme on a l’habitude de le voir. »

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