Crédits : Clément Vallos et Lâm Hua pour ARTE France et Bigger Than Fiction
Lorsque les finales masculines attirent plusieurs milliers de spectateurs dans les arènes, leurs homologues féminines doivent se contenter d’une grosse centaine de spectateurs… L'eSport, un phénomène macho ? Un retard à rattraper selon les joueuses, qui sont arrivées plus tard à l’eSport que les hommes. Qu’importe, cela ne fait que renforcer leur envie d’en découdre !
Commentateur : « Cinq nationalités. Ils ont imperturbablement progressé jusqu’à cette demi-finale. Lesquels nous surprendront ? »
Troisième jour, seconde demi-finale.
Les européens de FaZe Clan sont opposés aux brésiliens d’Immortals.
Alors que sur la scène centrale, 13 000 spectateurs s’apprêtent à suivre la finale opposant 10 joueurs masculins, la compétition féminine n’attire que quelques centaines de curieux. Mêmes jeux, mêmes règles, même communauté très impliquée. Et malgré tout, la finale féminine se déroule sur une petite scène montée au fond du salon des exposants, entre vendeurs de cartes graphiques et les stands de boissons énergisantes. N'y aurait-il pas un problème ?
Michaela Lintrup : « Il y a 10 ans, il y avait bien moins de femmes dans ces compétitions. Elles sont aujourd’hui nombreuses, dans le eSport, et ça concerne beaucoup de jeux. Je sens qu’on prend notre place. Lentement, mais ça vient, c’est très important. »
Marie-Laure Norindr : « Je pense pas qu’il y ait de différence physique entre homme et femme dans le sport électronique, parce que justement tout se joue sur l’intellectuel, sur nos réflexes et pas sur le physique, les muscles, etc.
Donc la différence peut se faire sur l’entrainement, sur les adversaires qu’on peut trouver. Les scènes féminines sur certains jeux peut être une erreur, du fait qu’à force de s’entrainer qu’entre filles, ben forcément, y’a un niveau qu’on zappe. Et c’est le niveau le plus important. »
Michaela Lintrup : « Il est très difficile pour nous de progresser. Les membres des équipes masculines refusent souvent de pratiquer avec nous. On a donc beaucoup de mal à travailler nos aptitudes et notre jeu d’équipe. On a peu l’occasion d’affronter de bonnes équipes masculines. On est demandeuses, on a besoin de leur expérience.
On consacre plus de temps à l’entrainement, pour identifier quelles sont nos faiblesses principales et nous améliorer.
J’aimerai qu’une équipe comme la nôtre, qui est aujourd’hui la meilleure au monde, puisse au moins affronter une équipe de niveau To2 ou To3. Ce serait déjà une révolution, ce serait complètement dingue. »
Sylvain Maillard : « A l’heure actuelle, dans le sport électronique, la très grande majorité des compétitions sont mixtes. C’est à dire que les garçons et les filles peuvent y participer sans aucune barrière. En revanche, à très haut niveau, on constate qu’il y a beaucoup plus de garçons que de filles, notamment du simple fait que le nombre de pratiquants entre les garçons et les filles est totalement différent.
Sur un jeu comme Counter Strike, vous avez peut-être un million de garçons qui pratiquent vraiment le sport électronique sur le jeu, alors que vous en avez peut être tout simplement que mille filles. Donc forcément avec ce différentiel entre le nombre de filles et de garçons, vous avez beaucoup plus de chances de voir émerger de très bons joueurs chez les garçons que chez les filles, en compétition. »
Marie-Laure Norindr : « Je pense qu’on est de plus en plus en bonne voie, parce que là, j’ai récemment vu l’équipe Vitality avec une femme dedans. Ce qui fait une réelle équipe mixte. Et c’est vraiment ça que j’ai envie de voir, de vraies équipes mixtes, pas que des hommes. »