Crédits : Clément Vallos et Lâm Hua pour ARTE France et Bigger Than Fiction
Quand le corps lâche, les professionnels reprennent la main. Le jeu en réseau, sport d’endurance, peut mobiliser un joueur de huit à douze heures par jour, il est aujourd’hui encadré par ses propres préparateurs sportifs. Au plus haut niveau, l’exigence physique devient indispensable et sert même d’exemple à une communauté en pleine évolution.
Katowice, 3e jour, première demi-finale.
Les joueurs commencent à fatiguer. Lors des compétitions, le corps et l’esprit sont mis à rude épreuve durant des parties pouvant durer jusqu’à 4 heures.
L’apparition de l’eSport a donné naissance à deux clans : ceux qui pensent qu’il s’agit d’un sport, et les autres.
Matthew Hwu : « L’eSport, c’est du sport à 100 %. C’est de l’endurance. Les joueurs répètent des mouvements sur une très longue période, de 8 à 12 heures par jour, cinq (il dit six, mais c’est traduit 5) jours par semaine. De la même manière qu’un coureur doit pouvoir courir 42 km pour un marathon, ils doivent s’entraîner pour être à la hauteur. »
Florian Deverriere : « Pour permettre aux joueurs, de vraiment de rester au top niveau, on va avoir, nous, en tant qu’ostéopathes, deux façons de procéder.
La première, ça va être un suivi régulier, en dehors des compétitions, pendant leur entraînement, leur vie quotidienne. On va intervenir de façon plus ou moins régulières sur leurs besoins, pour régler leurs différentes douleurs. Faire de la prévention thérapeutique, donner des conseils d’ergonomie, de postures, des exercices à faire, d’étirement, d’échauffement.
Et également après dans un second temps, dans la compétition, il est également important pour leur permettre de rester clairement au top niveau, parce que ben la pression sur scène parfois est très importante, et pour certains ça peut se ressentir sur le corps. »
Commentateur : em>« Encore deux tireurs, à travers la fumée. »
Matthew Hwu : « Les causes de blessures principales sont les postures qui sollicitent un même muscle trop longtemps. Ca peut être la main, les doigts, le poignet, l’avant-bras, ou même le dos, l’épaule ou le cou. Le rythme trop soutenu est aussi un problème, de même qie le manque d’entraînement. »
Joueur : « Alors, ma souris, je la prends comme ça. »
Florian Deverriere : « Tu vois, ce que tu peux faire, c’est d’essayer de mettre un petit poids au niveau de ta main. Tu vois, essayer de mettre une petite serviette ou un petit truc histoire de reposer un peu et d’avoir quelque chose de souple en fait. Pas quelque chose de rigide, pour éviter de casser un peu moins le poignet. »
« Au final, les douleurs qu’on va retrouver chez les joueurs d’eSport, on va les retrouver aussi chez tous les métiers de la bureautique, informaticien, secrétaire. N’importe quelle personne qui va travailler derrière un bureau en fait.
De les avoir à 40 ans, ben de les avoir à 20 ans, on a une pratique qui est beaucoup plus intensive. Et du coup qui est beaucoup plus éprouvante pour le corps. »
Matthew Hwu : « A très haut niveau, tout le monde maîtrise les mêmes aptitudes physiques, pour 95 voire 100 % des joueurs. A un tel niveau, la seule différence entre un joueur de légende et un joueur moyen, c’est la maîtrise du psychologique. Savoir gérer l’émotionnel et le mental, dans le eSport, c’est un élément fondamental, à très haut niveau. »
Commentateur : « Un cadavre de plus. J’imagine que Karrigan veut tester tout son arsenal. Encore un sans-faute, l’affaire est pliée ! Et Astralis remporte encore cette étape ! »
Matthew Hwu : « Je pense que l’image du joueur a beaucoup évolué. Le côté nerd acnéique, mangeur de pizza au t-shirt taché, on est tous passés par là, mais tout ça a beaucoup changé ces deux dernières années. On voit aujourd’hui combien les joueurs prennent soi d’eux, ils sont très attentifs à leur image, et à leur santé. »
Bora Kim : « Vers 2013, après le championnat du monde, je me suis rendu compte que l’image que je donnais physiquement n’était pas celle que je voulais. A un certain point dans ma carrière, j’étais bien plus gros qu’à l’heure actuelle. Je ne me sentais pas forcément en confiance et j’ai perdu 35 kilos en l’espace de seulement 8 mois en faisant beaucoup de sport. Je me suis rendu compte que ce changement a impacté non seulement ma vie, mais aussi mes performances en me donnant plus de confiance. »
Matthew Hwu : « C’est aussi pour ça que je voulais bosser avec une organisation pro. Je voulais aider à diffuser, parmi la scène professionnelle, cette prise en compte de la santé, pour que la communauté s’en inspire. »